Les Enfants de Thor
Début de l'intrigue : Siegfried se morfond dans sa retraite lointaine après avoir dû fuir sa ville natale, Coblence, au cœur de l'Empire du Rhin. Il se souvient de son collège, de ses camarades, des tensions politiques ayant conduit des prêtres à s'emparer du pouvoir. Peu à peu, il se rappelle du drame qui s'est joué.
Genre : science-fiction
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Cette nouvelle a été publiée dans le magazine littéraire Aventures Oniriques et Compagnie n°17 en septembre 2010.
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Extrait
Sur le visage de la plupart des étudiants se lisait la colère. Comment pareille chose avait-elle pu se produire ? Après les défaites en Mer Égée dix ans plus tôt, voilà que nous perdions la Sicile. Les Abyssiniens allaient-ils bientôt prendre pied sur le continent européen ?
Les Enfants de Thor s'avéraient les plus excités. L'Empire possédait l'armée la mieux équipée. Notre flotte comptait plusieurs cuirassés à vapeur, alors que l'Abyssinie peinait à s'adapter à cette nouvelle technologie. Pourtant, nous avions été battus. Pour les Enfants de Thor, la débâcle militaire s'expliquait par la décadence morale de la société impériale.
À mon grand effarement, plusieurs bustes de scientifiques dressés dans la cour portaient désormais des graffitis, mêlant slogans hostiles et dessins de marteaux.
— Il est temps de retrouver la foi ! scandait Arnald de son côté.
Cette fois-ci, le garçon n'était plus considéré comme une bête curieuse par les autres élèves, mais comme un orateur apprécié. Le chef de bande fédérait à présent des dizaines de spectateurs subjugués par son discours.
Retrouver la foi ? Mais quelle idiotie ! Pourtant Arnald et ses partisans semblaient convaincus : si la population adhérait à nouveau au culte des dieux, elle redécouvrirait la ferveur et le courage des anciens guerriers vikings. Rien ne leur résisterait alors : l'Abyssinie elle-même plierait devant la légitime fureur des soldats impériaux.
Les jours suivants, les Enfants de Thor redoublèrent de violence et de provocations. Ils défilèrent dans les rues de la ville, affichèrent leurs insignes militants jusque dans les classes, et ne faisaient pas mystère de leur volonté de changer la société en profondeur.